De Poissy à Caudebec-les-Elbeuf par les boucles de la Seine

22 août 2019 0 Par Olivier Métérie

En juillet après avoir posté les photos de mon nouveau Gravel Bike sur Facebook, Lucille a suggéré sur le ton de la blague de faire le trajet de chez moi à Poissy jusque chez mes parents à Lillebonne. J’y avais déjà pensé avant mais du coup, je me suis dit pourquoi pas ? Très vite, j’ai commencé à planifier les choses et notamment choisir un trajet. Passer par les chemins de hallage, pourrait être une bonne option et ça se prête parfaitement à ce nouveau vélo. L’idée directrice étant de longer la Seine au maximum.

Après avoir établi le tracé général, je constate que cela fait pas loin de 300 kilomètres à parcourir. Impossible en une journée. Je n’ai guère dépassé jusque-là les 100 kilomètres. Ma sœur habite à mi-parcours, ça tombe bien, je vais faire étape chez elle. Je commande tout ce qu’il faut pour la balade : sacoches de bikepacking, barres énergétique, matériel de réparation vélo…

Le vélo est prêt !
Le vélo est prêt !

J-1, je prends le train de chez mes parents pour rentrer chez moi et empaqueter les affaires sur le vélo. Pas très doué pour remettre du liquide préventif dans les pneus et les regonfler. J’ai bien cru que je n’allais pas pouvoir partir ! Le pneu avant n’est pas très gonflé mais tant pis…

Jour J, debout 7 heures. Je pars presque 2 heures après. Je suis bien long à me préparer mais bon, une fois partie, il ne faut plus faire demi-tour !

Le pont de Poissy
Le pont de Poissy

Je quitte Poissy, il fait encore frais. Je franchis la Seine et récupère tout de suite le chemin de hallage. Je vais faire presque toute la journée rive droite. Je passe dans la première sablière, la première d’une longue série. Habituellement quand j’y passe le weekend c’est calme. On est jeudi, le chantier est en action, les tapis roulants transportent le sable.

Parc du Peuple de l'herbe
Parc du Peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy

A Triel-sur-Seine, je parviens à continuer de longer la Seine, sur un premier chemin inédit pour moi. Mais voilà, à un moment donné plus de chemin. Heureusement l’accès qui mène à la route n’est pas trop loin.

Sur le GR
Sur le GR

Je retrouve le sentier de bords de Seine après Meulan-en-Yvelines. C’est vraiment très joli, très calme, sur un chemin monotrace qui donne sur un petit bras de la Seine. Seul inconvénient, tous les 100 mètres environ, une barrière anti deux roues à franchir. D’un seul coup, changement de décor, je me retrouve dans une cimenterie. Poussière, bruit, camions et autres engins. La traversée à pied est obligatoire. Je quitte le site et remonte sur le vélo, le chemin devient bien caillouteux et monte, je crains de n’arriver nulle part. Finalement je débouche sur la route.

Meulan-en-Yvelines
Meulan-en-Yvelines
Cimenterie Gargenville
Cimenterie Gargenville
Mantes-la-Jolie
Mantes-la-Jolie
Héron
Héron

Il faut contourner la zone industrielle et le site EDF de Porcheville. J’arrive à Limay et galère un peu pour me rapprocher de la Seine. Dans une rue censée m’y mener, je suis en fait dans un cul de sac. Il y a un campement de gens du voyage. Ils m’indiquent qu’il faut en fait prendre la rue précédente et faire le tour. Dont acte. Je récupère la départementale et distingue les bords de Seine. Je prends le premier chemin sur la gauche pour revenir en bordure du fleuve. La vue est à nouveau plus sympa, le vieux pont de Limay, la cathédrale de Mantes-la-Jolie, le nouveau pont en pierres. Je vais continuer pendant pas mal de temps sur le chemins plus ou moins proche de la Seine. Parfois je la distingue moins ou les bras du fleuve sont vraiment étroits. A l’occasion d’une pause pour consulter le GPS, je vois un héron, immobile, dans le fleuve. J’ai le temps de le prendre en photo et de le filmer. Il est midi passé, il est temps de manger un peu plus et surtout de refaire le plein d’eau. Il fait déjà bien plus chaud. Dans le village de Guernes, je décide de trouver le cimetière pour recharger en eau. Comme ce sera souvent le cas sur mon trajet, je suis obligé de remonter tout en haut du village pour l’atteindre…

Entrée dans le Val d'Oise
Entrée dans le Val d’Oise
Fresque des falaises de La Roche-Guyon à Vétheuil
Fresque des falaises de La Roche-Guyon à Vétheuil
Eglise de Vétheuil
Eglise de Vétheuil
La Roche-Guyon
La Roche-Guyon

Je reprends la route vers la première grande boucle de la Seine. Celle-ci va me sembler longue. Je ne parviens pas à suivre le cours, la faute aux multiples exploitations de gravières. Je suis dans une sorte de no man’s land. Les villages traversés me semblent bien isolés. C’est ça aussi l’Ile-de-France ! Petite incursion dans le Val d’Oise pour atteindre Vétheuil où je suis déjà passé en vélo il y a un mois. Je distingue tel un tableau les éperons de calcaire blanc des falaises de la Roche-Guyon. A l’approche du village, c’est son château que j’aperçois.

Ca fait quelques kilomètres que je suis sur le macadam. Ce n’est pas plus mal car ça permet d’avancer plus vite. L’heure tourne et il n’est pas envisageable de continuer à prendre le moindre chemin de hallage pour rester au plus près du fleuve. On avance moins vite sur les chemins et on est jamais sûr qu’il nous mène quelque part. Sauf à consulter son GPS toutes les cinq minutes, ce qui me ralentirait beaucoup aussi. Et mine de rien, ça fait plus de quatre heures que je roule. Je commence déjà à sentir la fatigue. Je n’ai parcouru que 60 kilomètres et il m’en reste sans doute pas loin de 100. Cela me fait prendre conscience, qu’arriver au bout de ce périple ne sera pas si simple. J’ai beau rouler à une vitesse modérée, un effort de longue durée, n’est jamais facile à gérer. Et comme d’habitude, c’est sans doute sur l’alimentation que j’ai mal calculé. J’ai tendance à repousser le moment de la prise alimentaire pour garder des réserves et pour continuer d’avancer mais en attendant ce sont les miennes de réserves que je vide !

Je traverse le hameau au nom improbable de Clachalôze. Avant de quitter la région Parisienne, je retrouve à nouveau le fleuve et une marina à Bennecourt. Je m’arrêterai bien prendre un verre mais pas le temps. A Limetz-Villez je passerai bien dire bonjour à ma cousine mais pas le temps (j’apprendrai ensuite qu’elle était au travail donc pas de regrets).

Entrée en Normandie
Entrée en Normandie

J’arrive à Giverny, ça y est je suis en Normandie ! Je croise des touristes de l’impressionnisme mais moi, je n’ai pas le temps ! Je récupère un véloroute parfaitement aménagé qui me mène jusqu’à Vernon. Nouvelle pause cimetière parce qu’il fait soif. Je vais rester un long moment sur la route perdant de vue la Seine qui n’est pourtant jamais bien loin. A défaut de voir le fleuve, j’ai pris un peu de hauteur ce qui me permet d’avoir de beaux points de vue sur la vallée.

Château Gaillard
Château Gaillard
Le pont des Andelys
Le pont des Andelys
La Seine aux Andelys
La Seine aux Andelys

D’ailleurs je n’ai pas fini de monter, ni de m’éloigner de la Seine. Je regarde le GPS, effectivement je dois encore monter pour redescendre ensuite vers les Andelys. C’est la seule vraie côte que j’aurais eu à franchir. A Bouafles, je commence à avoir en ligne de mire Château Gaillard. Arrivé aux Andelys, je traverse la Seine. J’ai fait un peu plus de 100 kilomètres sur cette rive, les 50 derniers seront rive gauche. Cela fait encore une bonne trotte pour arriver mais j’ai le sentiment d’avoir franchi un seuil dans mon parcours.

Encore une sablière
Encore une sablière

Cependant la traversée de cette boucle va me sembler longue avec ces lignes droites au milieu des sablières et des champs. Les jambes ça va mais j’ai du mal à garder la position des mains et des bras. Les pieds chauffent aussi. Je sens bien que je suis un peu déshydraté. Je fais un arrêt au cimetière de Bernières-sur-Seine qui se trouve sur ma route. Les pauses permettent aussi de se détendre et font du bien aux pieds. Je remarque à l’arrêt qu’il fait chaud. Quand on est sur le vélo, on sent moins la chaleur. D’autant que j’ai souvent le vent de face. Il est certes modéré mais avec la fatigue, tout compte.

La Seine avant Saint-Pierre-du-Vauvray
La Seine avant Saint-Pierre-du-Vauvray
Un jardin avec des statues au milieu de nulle part
Un jardin avec des statues au milieu de nulle part

Après Venables, la route débouche sur un chemin de gravier. Je suis de nouveau tout près du fleuve. Il n’y a rien à part la nature tout autour, c’est beau. Peu avant Saint-Pierre-du-Vauvray, moment insolite, quand je vois sur ma gauche un petit terrain, isolé, avec un mobil-home. C’est parfait pour être au calme ! Le jardin est jonché de multiples statues en forme d’animaux.

Barrage de Poses
Barrage de Poses

En sortant de Saint-Pierre-du-Vauvray, je tourne un peu en rond en suivant les panneaux du véloroute. Si je veux suivre la Seine au plus près jusqu’à Poses, je dois le quitter. Je suis de nouveau en terrain plus connu pour être passé par là plusieurs fois en vélo ou à pied. Je croise de plus en de vélo. D’abord des sportifs puis à l’approche de Poses, des gens en balade. Je suis au barrage, le dernier de la Seine. Il y a une semaine, j’étais déjà là pour randonner. J’aime beaucoup cet endroit qui offre de jolis paysages. En quittant Poses, je récupère le véloroute. Ca commence à sentir bon ! Mais que c’est dur. Je n’ai pas assez bu alors un petit mal de tête s’est installé. Je me remémore quelques souvenirs de vélo, pendant la traversée du charmant village de Les Damps. C’est maintenant l’Eure que je suis jusqu’à Pont-de-l’Arche.

La Seine à Criquebeuf
La Seine à Criquebeuf

Je me retrouve à nouveau sur une route à grande circulation. Je loupe une première fois l’occasion de me rapprocher de la Seine. La seconde fois, je tourne vers Criquebeuf-sur-Seine. Je poursuis sur les petites routes avant de faire quelques hectomètres sur un nouveau véloroute. Mais je dois vite le quitter, pour rentrer dans Caudebec-les-Elbeuf. J’ai le plaisir d’avoir un comité d’accueil avec ma soeur et mes neveux et nièces qui m’attendent devant chez eux.

C’est la fin de cette première étape et je suis bien cuit. Dans ces derniers kilomètres, je commençais à me dire que je ne pourrai pas reprendre le lendemain, qu’il allait me falloir une journée de repos. Il faut que je récupère et on verra bien. Pas de partie de foot à la grande déception de ma nièce mais contrairement à ce qu’elle me dit : je ne peux pas ! Je commence la récupération en buvant beaucoup et avec une belle assiette de saumon en papillote accompagné d’un « peu » de riz. A 22 heures, après 10 heures passées sur le vélo et mon record de distance, il est temps d’aller dormir.