
Du Tréport à Dieppe
Nous nous levons peu après 7 heures. Le petit déjeuner est prévu à 8 heures selon les instructions de la réception. Mais le règlement indique 7h30. Pour gagner du temps, on décide de descendre à 7h40 pour voir. Il y a déjà du monde (des professionnels en déplacement) donc nous nous installons. Coronavirus oblige, il n’y a pas de buffet. Nous nous faisons servir mais c’est à volonté. On prend donc un solide petit déjeuner.
On quitte l’hôtel vers 8h40, direction le funiculaire. La décision a été prise hier pendant le repas. La tentation était grande d’éviter la première montée à froid. On enfile nos masques pour s’immiscer dans la cabine qui nous fera gravir la pente à travers la falaise. De là-haut, on observe un large panorama sur le Tréport, Mers-les-Bains et les falaises de la côte d’Albâtre et de la Somme. Nous quittons la terrasse du Tréport et très vite les ennuis commencent…
La balise du GR indique de traverser la route pour rentrer dans un champ qui s’éloigne de la falaise. On a pourtant vu une joggeuse poursuivre le long du sentier côtier. Surtout la carte IGN sur laquelle j’ai fait le tracé fait suivre la route. On décide de suivre quand même la balise. On continue donc à travers les champs et on doute. Car après il n’y aura plus de balises pendant plusieurs kilomètres. On aura fait un premier détour d’au moins deux kilomètres par rapport au tracé original.
Nous arrivons à Criel-sur-Mer et constatons que les maisons sont au bord de la falaise. D’ailleurs un peu plus loin, l’accès à une rue pavillonnaire le long de la falaise est interdit. On franchit quand même les barrières comme les promeneurs devant nous. On n’a pas vraiment envie de refaire un détour. En fait le crochet n’est que sur quelques centaines de mètres. Des ouvriers s’activent pour condamner les ouvertures d’une maison. Nous avons à peine commencer la randonnée que la fragilité du littoral prend tout son sens. Après Criel Plage, on s’éloigne encore de la côte en rentrant dans un camping. Lorsqu’on se rapproche à nouveau de la côte pour monter sur la falaise, le vent souffle fort. Il vient de l’intérieur des terres et nous pousse vers la mer. Nous l’aurons toute la journée de face. Ce sera assez usant nerveusement et jouera sur notre ressenti de la journée. Il est difficile de se parler et il faut rester attentif, notamment à ne pas perdre sa casquette ! Nous avons de belles vues sur la mer avec de jolis reflets des nuages. Une nouvelle déviation pour éviter un effondrement nous fait passer par un passage boisé qui coupe un peu la monotonie des passages le long des champs. Peu après avoir retrouvé les étendues agricoles, nous croisons un traileur. Il nous explique qu’il est parti du Havre, vingt-deux heures plus tôt et qu’il n’a dormi qu’une heure. Il est fatigué (ça ne se voit pas) alors il ne court plus depuis qu’il a passé la centrale. Chapeau ! Il est presque arrivé. On aperçoit de plus en plus distinctement la digue de la centrale nucléaire de Penly. Dans un passage où le chemin est en léger creux, on s’arrête pour déjeuner un peu à l’abri du vent.
On s’approche de la centrale. Il faut donc la contourner. On rejoint la route et de nouveau plus de balises. On a peut-être loupé. On en retrouve une dans Penly. Ce sera la dernière avant un moment. On quitte le village, plus de trottoir, on marche sur le bord d’une départementale. On passe devant l’entrée de la centrale puis dans le village de Saint-Martin-en-Campagne. Il y a encore quelques kilomètres à faire pour retrouver la côte. De nouveau des balises tous les dix mètres puis plus rien.
On arrive à Saint-Martin Plage et ça fait du bien de retrouver la mer. On la quitte assez vite pour remonter sur le plateau par une route pentue puis un chemin et à nouveau la route. A Berneval-le-Grand on descend brièvement dans une valleuse étroite. Sur le plateau vers Belleville-sur-Mer, on marche une nouvelle fois sur le bitume, en ligne droite, pendant plusieurs kilomètres. On est loin de la mer, on ne la voit plus, c’est long, ça n’a aucun intérêt.
De nouveau sur un chemin mais en ligne droite (voie romaine oblige), on entre dans le Camp de César qui n’a rien à voir avec les romains. Il s’agit en fait d’un site naturel en forme de triangle délimité par la mer et deux remparts de terre qui servit de « cité » à l’époque celtique. La marche sur les cailloux fait un peu mal aux pieds à trente kilomètres passés mais ça change un peu de terrain.
On redescend enfin vers la mer à la plage du Puys. Je crois qu’on est arrivé à Dieppe mais en fait non. Il faut refaire encore un peu de dénivelé. Nous arrivons sur un chemin perché en haut d’un talus avec la route en contrebas. Le port est visible avec le terminal ferry. Nous entrons dans le quartier du Pollet et passons devant son église dédiée aux marins. Nous avons une belle vue sur toute la ville. Nous descendons par les petites rues entre les anciennes maisons et traversons le port. Nous sommes fatigués, alors nous ne passons pas à la plage et rejoignons directement la gare pour tenter d’attraper le bus. On galère un peu pour acheter le ticket sur l’application mobile et laissons passer un premier bus. Heureusement le suivant n’est que dans vingt minutes.
Nous mettrons une petite heure pour rentrer au Tréport. A peine le temps de poser nos affaires, je repars en courant faire les escaliers pour revenir à la terrasse du Tréport. Pas question, après la tricherie du funiculaire de ce matin, d’échapper aux escaliers ! Le dîner se fera au Riche’lieu où nous gouterons tous à la Ficelle Picarde. Pas de problème pour s’endormir ce soir après cette journée éreintante.
Quand je revois ces photos, c’est vrai que nous avons traversé de beaux paysages. Par moment nous avons des vues lointaines sur plusieurs dizaines de kilomètres de parois crayeuses, du Marquenterre à Saint-Valéry-en-Caux. Nous admirons des nuances de couleurs étonnantes. Mais que de longueurs ! Dès cette première journée, nous ne comprenons pas comment ce GR a pu être élu plus beau GR de France l’année dernière… Comme quoi, ces élections ou autres labels semblent être plus des coups de marketing. En tant que Seino-marins, nous pourrions être chauvins mais il faut être objectif, ce titre ne me semble pas mérité. Je pense même qu’il pourrait en décevoir plus d’un, face aux attentes que cela générerait chez le randonneur. Nous avons l’habitude de randonner et la comparaison souffre peut être avec le sentier côtier du GR34. Je savais bien que le sentier ne suivait pas toujours la côte. Mais qu’est-ce que c’est long et que de routes ! En général un GR fait passer par des petites routes quitte à faire plus de détour mais pas là. Et puis le balisage… Parfois complètement inexistant pendant plusieurs kilomètres. En résumé : de longues heures de marche, sur un parcours mal balisé, pour voir de temps en temps quelques vues magnifiques. J’avais une carte IGN mais pas suffisamment à jour visiblement. Après être rentré de notre semaine de randonnée, j’ai cherché des informations (que j’aurai pu chercher avant certes) pour comprendre toutes ces différences entre la carte et le balisage (quand il existe). Je trouverai finalement mes réponses sur le site de la fédération française de randonnée, section Seine-Maritime : https://seine-maritime.ffrandonnee.fr/html/4651/gr-21-littoral-de-la-normandie. C’est dommage mais il y a quand même un gros de défaut de balisage et d’explications sur le parcours. Avec le recul je pense que plutôt que de faire cette étape en ligne entre le Tréport et Dieppe, il est préférable, si possible de faire plusieurs boucles sur les endroits digne d’intérêt. A éviter en particulier : le contour de la centrale (5 km) et les longues lignes droites entre Belleville-sur-Mer et Bracquemont sans grand intérêt.









































