Tour du Mont Aigoual jour 1

Tour du Mont Aigoual jour 1

11 juillet 2021 2 Par Olivier Métérie

J’ai décidé de faire ce tour quelques semaines auparavant pour bien profiter de cette semaine de vacances en juillet après les jours de vacances forcés et limités près de chez soi en avril. Au départ prévu pour être une randonnée en autonomie avec tente, j’ai décidé finalement de le faire avec des pauses dans des gîtes. C’est plus simple à organiser, plus rassurant que de dormir en pleine nature et moins de matériel à emporter. Papa se joindra donc à moi pour ce périple puisque ce sera un peu plus confortable.

Nous prenons la route pour le sud le samedi 10 juillet. C’est le premier grand départ en vacances, il y a du monde. La météo s’éclaircit peu à peu. A la sortie de l’autoroute, on commence à visiter un peu avec un arrêt à Champerboux puis au panorama de Sainte-Enimie sur les gorges du Tarn. On plonge dans l’ambiance petit à petit. Nous arrivons en fin d’après-midi à Meyrueis où nous faisons étape ce soir. Nous posons nos affaires à l’hôtel puis nous baladons un peu dans le village avant d’aller dîner. Le site est typique sur les contreforts du mont Aigoual, entre causse Méjean et causse Noir. Les causses ce sont ces plateaux d’altitude délimités par les gorges. Ici c’est la gorge de la Jonte qui fait frontière. La rivière coule dans le village, rejointe par la Brèze et le Béthuzon. Le lieu, assez animé, contraste avec le désert alentour. La Lozère est le département le moins peuplé de France et ça se voit.

Dimanche 11 juillet c’est le début de la randonnée. Nous faisons quelques emplettes de produits locaux pour casser la croûte plus tard puis prenons la route de Cabrillac. Nous laissons la voiture pour y revenir dans deux jours après avoir fait le tour du mont en empruntant en grande partie le sentier du GR66.

Il fait beau, le ciel est bleu, on part heureux pour cette première journée de marche. Nous ne les voyons pas encore mais on entend les clochettes des vaches derrière les buissons. On croise une première randonneuse. Pas de grande difficulté sur cette première partie de randonnée. On prend même le temps de s’amuser sur une balançoire installée sur la branche d’un arbre près d’une propriété.

On traverse la route et passons cette fois près des vaches. Première montée un peu plus raide mais courte. On observe le paysage autour de nous. Nous pouvons déjà apercevoir les antennes au sommet de l’Aigoual. Puis nous quittons les pâturages pour la forêt. Je remarque le silence. Il n’y a vraiment aucun bruit perceptible. On fait une première pause, il est important de garder de l’énergie. Deux femmes avec leurs enfants, accompagnés par des mules porte-bagages remontent la pente.

Nous passons près du refuge d’Aire de Côte, à la limite entre la Lozère et le Gard. Là une terrasse avec un magnifique point de vue sur les Cévennes est aménagée. Nous prenons le temps d’admirer la vue et ce qui ressemble au loin au Mont Ventoux. On descend par la route puis prenons à nouveau un sentier. Le décor a changé. On est côté sud, ça sent la Méditerranée. On entend les cigales et la végétation n’est plus la même. A l’ombre on s’arrête pour déjeuner. Du bon pain, de la charcuterie et de la tome de brebis. On reprend des forces car après douze kilomètres parcourus, la randonnée ne fait que commencer.

On repart pour une longue descente au soleil, parsemée de pierres. Il faut faire attention où l’on met les pieds. Papa râle un peu, le chemin demande de la concentration. Je lui conseille de mettre sa casquette car ça chauffe. La chaleur est réfléchie par le sol et amplifiée au fur et à mesure que nous descendons. On avance néanmoins à bonne allure et rattrapons quelques randonneurs. Je jette un œil à la crête voisine. C’est par là que nous devrions remonter tout à l’heure. On retrouve la route au hameau de Berthezène et suivons la rivière jusque Valleraugue. Nous avons descendu plus de 700 mètres d’un coup et ne sommes plus qu’à 360 mètres d’altitude après un départ à 1200 mètres.

Nous allons jusque sur les bords de l’Hérault avant d’entamer la montée finale par le sentier des 4000 marches. Ca démarre fort et très vite les toits du village en contrebas paraissent loin. Je me dis que ça ne doit pas être aussi pentu jusqu’au bout sinon ce n’est pas à 1500 mètres qu’on va arriver mais à 2500 ! Il fait vraiment chaud et l’effort n’arrange rien. On a 1200 mètres de dénivelé à franchir et ça ne va pas être simple. La pancarte en bas du sentier indiquait un temps de marche de 3h30 pour arriver au sommet. Il est 15h40, on doit arriver entre 17 et 19 heures au refuge. Ca fait un peu juste mais comme on a bien avancé jusque-là, on reste optimiste.

Malheureusement, je vais vite comprendre que la montée sera plus lente que prévue. Ca grimpe toujours aussi sec pour l’instant et il faut parfois bien lever les jambes pour franchir les rochers. Je me retourne régulièrement et Papa traîne derrière. Je constate que son pas est hésitant, ça n’a pas l’air d’aller. Quand je lui demande, il me confirme que ça ne va pas. On s’assied à l’ombre, il boit un coup, je l’arrose. On reste une dizaine de minutes sur place, le temps de voir ce qu’on fait. Poursuivre la montée qui ne fait que commencer ou redescendre et trouver une autre solution. Je décide de repartir en prenant le sac de Papa sur le ventre. Ce sera dur mais toujours moins dur que pour lui et on avancera comme on pourra. On fait environ un kilomètre comme ça avec des pauses régulières. J’ai du mal à voir ou je pose les pieds donc je n’avance pas trop vite. On est un peu plus à l’ombre maintenant qu’on arrive dans une partie en forêt. Ca monte moins dur aussi. Papa mange une pomme et semble apte à poursuivre avec son sac.

On se fait doubler par un coureur, pas de sac mais une bouteille d’eau dans chaque main. Il porte un maillot du trail de l’Aber Wrac’h. Nous y étions, sur le GR34, il y a deux mois à peine. On est de nouveau sur une partie à découvert et au soleil. A près de 1000 mètres, il fait quand même un peu moins chaud. Quelques passages où il faut gravir à nouveau les rochers puis un autre où il faut passer entre deux plaques rocheuses. Il ne faut pas avoir la taille trop large ! Nouvelle mésaventure en mordant dans l’embout de mon camelback, je l’arrache et le recrache involontairement. Je vais perdre cinq minutes à le chercher au sol en vain. Une tuile de plus dans cette montée. Il me reste peu d’eau dans la gourde et le reste de ma poche va se vider sur le sol sur les kilomètres suivants. J’aurais dû la vider dans la gourde mais je n’y ai pas pensé sur l’instant…

Les kilomètres défilent très lentement. On doit s’arrêter régulièrement. Ca remonte de façon plus abrupte. C’est logique car depuis un moment on ne prenait plus vraiment d’altitude et il reste moins de quatre kilomètres. J’appelle le refuge pour dire que l’on devrait arriver pour 19h30, ce qui semble ne pas poser de problème. Encore quelques passages sur la roche avec le vide à côté. Rien d’extraordinaire mais quand on est fatigué il faut faire attention. Avant chacun de ces passages, je me retourne et surveille comment Papa passe l’obstacle. Chaque panneau indique qu’il reste 4,1 kilomètres puis 3,1 puis 2,1 etc. Ca ne passe pas vite mais la fin approche. Celui des 2,1 kilomètres indique le suivant en 25 minutes. Ca se rapproche mais pas vite ! Je n’ai plus d’eau, je me suis restreint pour boire les 3 dernières mini-gorgées pendant la dernière heure mais là c’est fini. On arrive quand même près de la route et la pente se radoucit. Sur les derniers hectomètres menant au refuge, j’observe le panorama sur les montagnes alentours. Papa me rejoint, on est enfin arrivés après 4 heures de montée !

On se présente au gîte et nous récupérons nos draps pour la nuit, je lave rapidement la tenue du jour et prends ma douche. Il est déjà 20h45, il faut manger avant que la cuisine ferme. L’accueil au gîte est sympathique, Papa raconte son coup de moins bien pendant qu’on boit notre bière. J’ai du mal à commencer la mienne. Il faut d’abord que je boive de l’eau en fait ! Après deux verres, ça passe mieux et j’arrive à manger l’entrée. Le repas est presque trop copieux. Je n’arrive pas à finir le plat et le dessert. On a fini notre effort il y a à peine plus d’une heure et je ne suis pas vraiment disposé à manger autant. A 21h45 il est temps d’aller se coucher. Nous partageons la chambre avec un couple de randonneurs, on est d’accord pour éteindre la lumière de bonne heure !

On est arrivé au bout de cette première journée. J’avais quelques doutes sur le kilométrage et le dénivelé cumulé mais c’est passé. Comme attendu, c’était bien la deuxième partie de randonnée qui était la plus dure. On est évidemment fatigués mais personnellement je n’ai pas subi physiquement. Je ressens moins de douleurs en fin de journée qu’après une randonnée sur le plat où l’on marche plus vite. Évidemment pour Papa la fin de la randonnée a été plus laborieuse mais si j’avais subi le même coup de chaud, je ne sais pas si je serais allé au bout !