Tour du Mont Aigoual jour 2

Tour du Mont Aigoual jour 2

12 juillet 2021 0 Par Olivier Métérie

Changement d’ambiance ce matin. Le Mont Aigoual n’a pas failli à sa réputation. Le vent a soufflé toute la nuit. Quand nous sortons du dortoir pour prendre notre petit déjeuner, des chaises sont éparpillées au sol. Pour l’instant il y a encore un peu de soleil mais on ne voit plus au loin. Une couverture nuageuse en contrebas nous en empêche. Après le petit-déj, on récupère nos pique-nique et pour ma part une bouteille d’eau supplémentaire qui remplacera ma poche à eau rendue inutilisable hier. Prêts à partir comme les nuages qui sont montés, nous plongeant dans un épais brouillard.

C’est bien frustrant quand on est dans un endroit qui peut offrir un tel panorama. Mais le brouillard ici c’est 240 jours par an… Quand on découvre la table d’orientation sur le toit de la station météo, on est un peu dépités. C’est dommage, on aurait dû en profiter hier soir. Mais voilà, la journée fût ce qu’elle fût et on n’a pas vraiment eu le temps de faire le tour du site. On n’y a pas vraiment pensés non plus d’ailleurs. Nous quittons le sommet par une descente en forêt assez tranquille. Papa dit que tant que ça descend comme ça, tout va bien ! On passe par la station de ski de Prat Peyrot. J’ai vu des images de cet hiver, c’était complètement enneigé. On continue de descendre jusqu’au col de Serreyrède. Des plaques avec des photos anciennes permettent de comparer le paysage d’autrefois et d’aujourd’hui. C’est plus clair sur les photos ! D’un côté la vallée du Bonheur vers l’Atlantique, de l’autre celle de l’Hérault vers la Méditerranée. Malgré la proximité avec cette dernière (71 km à vol d’oiseau contre 384 pour l’océan), ici passe la ligne de partage des eaux des nombreux cours d’eau de la région.

A la traversée de la route, la balisage nous fait hésiter avec mon tracé. Ce sera finalement un petit détour moins pentu par le GR7 pour rejoindre le col de l’Espérou. Au village du même nom, on croise une femme et sa fille avec un âne. Papa demande en plaisantant s’il peut porter les sacs mais leur parcours s’arrête là. La brume se transforme en pluie fine. On rejoint et dépasse nos compagnons de chambrée partis un peu plus tôt. Ils font route vers le Vigan alors que nous allons à Dourbies. Après quelques kilomètres monotones sur la route, on change de direction pour repartir en forêt.

Après un début globalement descendant, on reste maintenant plus ou moins à la même altitude autour des 1 200 mètres. Parfois c’est plat, parfois ça monte un peu ou ça descend… un peu. Nous passons sur le pont des Vacquiers, premier passage sur la Dourbie. La direction à suivre est principalement sud ouest mais le chemin semble un peu déplacé par les chantiers forestiers et nous fait tourner dans tous les sens. La pluie s’est calmée, on s’arrête pour la pause déjeuner. J’essaie tant bien que mal d’étendre mon linge. Il n’a pas séché cette nuit et pas plus sur le sac depuis qu’on est partis. On avale notre salade de charcuteries, un peu de fromage et c’est reparti.

Après la route monotone, le sentier en forêt paraît aussi un peu long. Il fait humide et il n’y a pas grand chose à voir. Au bout d’un moment on prend à droite sur la route. Il y a peut-être quelque chose à voir alors que le terrain semble plus dégagé mais on n’y voit pas à plus de 100 mètres. D’ailleurs le GR partait sur la gauche mais j’avais prévu de shunter cette partie pour faire moins de kilomètres. De toute façon, vu la météo, on n’a rien raté. On entre à nouveau en forêt par un chemin balisé qui suit de près la piste forestière. On arrive finalement au bord du Lac des Pises un peu plus au nord que prévu. On se prend en photo devant ce paysage rendu mystérieux par la brume. En quelques secondes le brouillard va et vient pour cacher ou laisser apparaître l’autre berge du lac. Vu notre position, on contourne le lac par le nord avant de retrouver le GR66. Une pancarte du GR nous indique la direction du col de l’Homme mort. Tout un programme. Il paraît que deux frères, de retour des vendanges pour regagner leur ferme à Dourbies, sont morts ici pendant un hiver, dévorés par les loups. Plus tard un berger y aurait été assassiné. Rassurez-vous, puisque j’écris ces lignes, nous avons survécu.

Nous poursuivons, toujours en forêt, pour passer près du rocher de Saint-Guiral, lieu de pèlerinage local. Nous bifurquons plein nord pour la dernière partie et entendons depuis quelques minutes un signal sonore, premier signe de civilisation depuis un moment. C’est en fait un engin forestier tout en un, qui tire les troncs d’arbre déjà coupés, enlève les branches qui dépassent et découpent le tronc en plus petits morceaux. Impressionnant. Le gars, tout seul dans son engin doit avoir une bonne dextérité pour enchaîner toutes ses opérations si vite, tout en faisant déplacer l’engin. Quand il s’éloigne suffisamment du chemin pour ne pas nous happer au passage, on reprend notre marche. La pente se prononce un peu plus et nous retrouvons nos amis les cailloux, qui pour le coup se sont pris une douche pour être plus glissant. Ca ne dure pas bien longtemps. On quitte la forêt pour les hautes herbes. On sent bien plus la pluie et les pieds qui étaient restés secs jusque-là, profitent aussi de l’humidité ambiante.

On récupère la route et repassons enfin sous la barre des 1 000 mètres. Ca permet au moins de se retrouver en dessous des nuages et de pouvoir voir un peu plus le paysage de montagnes qui nous entoure. Nous entrons dans le hameau de la Rouvière puis remontons par un chemin un peu sablonneux. Le terrain change un peu. Un peu, car nous redescendons assez vite par des chemins de hautes herbes. Probablement que le temps de ces dernières semaines a été favorable à la croissance de la végétation mais il n’y a pas grand monde qui semble être passé avant nous. Qu’importe, maintenant on est trempé. Nous retrouvons la Dourbie, au point le plus bas du jour. On prend la passerelle pour traverser et entamons notre dernière montée vers le village de Dourbies. Ca grimpe raide pour une fin de randonnée ! Les villages sont bâtis bien plus haut que le lit de la rivière. Sans doute par prudence vis à vis du niveau fluctuant des cours d’eau de montagne.

On trouve vite le gîte mais personne… On croise un habitant qui nous indique le café restaurant du village. C’est ici l’accueil. Nous entrons dans le restaurant où se trouve, la patronne, du personnel et sans doute quelques personnes du village. J’indique que nous avons prévus de dormir au gîte ce soir. Petite douche froide supplémentaire, elle nous répond qu’elle a déjà renvoyé du monde vers une autre location. A cause du Covid, c’est un groupe par chambre (bizarrement ce n’était pas la même règle à l’Aigoual). Je lui réponds que justement, on a réservé. Tout de suite, ça détend l’atmosphère. On nous accompagne donc vers notre chambre où l’on peut prendre une bonne douche – chaude – et faire sécher nos affaires. On apprécie d’avoir un peu plus de temps ce soir pour déguster une bière bien méritée, un repas simple mais bon. Il règne une ambiance particulière ici. Un esprit de village, sans sophistication où les habitants viennent partager un moment. Cela rappelle qu’on ne vit pas tous de la même manière et qu’on n’a probablement pas les mêmes préoccupations. D’ailleurs personne n’écoutera le discours présidentiel ce soir-là, y-avons nous même pensé ?