Tour du Mont Aigoual jour 3

13 juillet 2021 0 Par Olivier Métérie

Ce n’est pas une randonnée au long cours alors c’est déjà le dernier jour. J’ai essayé de regarder la météo sur mon téléphone hier mais sans trop de succès entre la batterie qui ne tient pas et notre position au fond d’un trou. J’ai l’espoir d’une meilleure météo ce matin, le coup d’œil dehors ne me procure pas un enthousiasme démesuré. Le temps est plus clair (pas de brouillard) mais c’est gris et il fait dans les 5 degrés. Même en montagne, c’est un peu frisquet pour un mois de juillet. On retourne au restaurant prendre notre petit déjeuner, un peu léger pour ce qui nous attend. On profite en même temps du replay du discours présidentiel de la veille. Évidemment c’est la partie sur les restaurants qui intéresse le plus la patronne. Je n’ai pas tout écouté mais en gros, si t’es pas vacciné, ça devient compliqué… Personnellement j’aurai le droit à ma deuxième dose dans deux jours alors je ne me pose pas trop de questions.

On se met en marche vers le col du Suquet. Les nuages et la bruine sont déjà redescendus. On grimpe dès le départ. On passe dans un enclos et nous sommes surveillés. Les vaches nous guettent. Un peu plus haut, deux petits sont sur le chemin, je regarde bien l’attitude de la mère avant de passer. On atteint un bloc rocheux érodé qui me fait un peu penser à la Bretagne cependant il fait plus beau en Bretagne. Sur la fin le chemin monte en lacet. Depuis le début de la montée on aperçoit d’autres randonneurs qui ont dormi aussi au village. Nous finissons par les rattraper alors qu’ils se réchauffent avec une boisson chaude avant de passer le col. Arrivés en haut, on ne voit plus rien. On distinguait encore le village au début de l’ascension mais maintenant c’est le brouillard total.

On bascule dans la descente. Plus douce de ce côté. On a changé de paysage pour rentrer en forêt. J’ai quelques doutes sur le chemin qu’on suit même s’il est balisé. Quand on rejoint la route, je comprends que ce n’est pas bon. On s’arrête pour se ravitailler. Un promeneur local nous fait la conversation et nous décrit les trucs à voir dans le coin. Malheureusement notre programme est déjà fait et on n’a pas le temps de divaguer. D’ailleurs il est temps qu’on reparte car j’ai froid. On se remet en route sur le bitume à la recherche du GR. On marche à bonne allure pour se réchauffer. J’hésite presque à sortir mes gants. Je surveille et agite mes doigts car je sens que mon sang n’est pas loin de refluer. On retombe sur le GR qui coupe la route. Déjà un petit détour dès le début de la journée. On descend le long d’un ruisseau et petit à petit l’atmosphère se réchauffe. Le temps se dégage et le soleil perce un peu. Ca fait du bien. Et surtout on voit mieux le paysage : la vallée du Trèvezel et les plateaux du Causse Noir au loin. Dans le hameau qui suit, je trouve une fontaine avec de l’eau potable. Je n’ai pas beaucoup bu mais j’en profite pour refaire l’appoint.

On passe de l’autre côté de la vallée à Ribeauriès. L’accalmie fut de courte durée. Le ciel s’assombrit d’un coup et une averse nous tombe dessus. Pour la première fois je sors la housse de protection du sac. Finalement on rentre en forêt et la pluie ne dure pas. Après le pont de l’Ane, nous passons sur une passerelle puis j’essaie de prendre en photos des cascades cachées par la végétation. Papa a pris de l’avance, je me dépêche de le rejoindre en montant le sentier d’un arboretum en courant. On arrive dans le hameau de Saint-Sauveur-des-Pourcils avec son église, un corps de ferme et un cimetière. Les lieux semblent abandonnés, le village ayant été déplacé plus haut sur le plateau. On se prend en photo devant l’ours qui garde l’église puis on cherche un coin pour manger. Un peu plus bas, il y a des tables de pique-nique, c’est parfait.

On s’installe pour découper notre fromage et manger notre charcuterie. Deux minutes après, une nouvelle averse commence mais heureusement ça ne dure pas. On peut de nouveau tout ressortir et finir notre repas avec même quelques rayons de soleil. On remonte dans la forêt de pins. On coupe l’ancienne nationale 586 une première fois. A la croisée de plusieurs chemins, nous dépassons la Pierre plantée, lieu où nous quittons le Gard pour revenir en Lozère. On descend à nouveau puis coupons à nouveau la même route que nous recouperons encore quelques centaines de mètres plus bas.

Nous sommes dans la vallée et arrivons en terrain connu à Meyrueis. C’est le lieu le plus vivant que nous ayons traversé depuis notre départ. Les touristes déambulent le long de la rivière où se restaurent des les nombreux bars et restaurants de la rue principale. Le temps est toujours un peu gris mais il fait meilleur. D’ailleurs dans la montée pour quitter la ville, j’enlève le collant long pour remettre le short.

Nous sommes dans la dernière partie de cette randonnée, le long des gorges de la Jonte. Je m’attends à revoir les paysages traversés en voiture pour nous rendre au départ le premier jour. Mais la vue est moins dégagée de ce côté des gorges et évidemment c’est moins lumineux. Nous avons quelques verts sommets devant nous et à nouveau peu de choses qui font penser à une présence humaine. Ce qui est faux puisque tout ces paysages, bien que naturels, ont été modelés par l’humain. Je cherche d’un côté l’itinéraire que nous avons suivi depuis ce matin et si je reconnais des sommets près desquels nous sommes passés. J’ai peu de certitudes, j’ai même beaucoup de doutes. Je cherche aussi l’Aigoual vers lequel nous nous dirigeons à nouveau. A priori le sommet ne se distingue pas facilement du relief alentour. Nous avançons sur un chemin large situé sur une arête à une altitude relativement constante. Cela nous permet d’apprécier une dernière fois les montagnes des Cévennes. En contrebas il me semble apercevoir des ruines. Puis nous entrons dans la forêt. Les gouttes qui commençaient à tomber se font de plus en plus grosses. Il n’y a plus rien à voir maintenant alors nous marchons d’un pas rapide pour en finir. Nous apercevons Cabrillac au dernier moment avant de passer sur la Jonte. Et c’est seulement en arrivant à quelques dizaines de mètres que l’on voit la voiture, qui heureusement est toujours là. On se dépêche de mettre nos sacs dans le coffre et on s’engouffre dans la voiture.

Voilà, c’est fini. D’une manière très humide et fraîche (12 degrés), en contraste total avec notre départ. C’est dommage mais on n’y peut rien. Nous n’avons pas le temps de gamberger et de réaliser que nous avons bouclé 98 kilomètres de randonnée en 3 jours. Il faut nous diriger maintenant vers l’hôtel à Millau. Cela se fera par les gorges de la Jonte que nous descendrons intégralement jusqu’à ce qu’elles rejoignent celles du Tarn. Après être repassés par Meyrueis, c’est une vingtaine de kilomètres de route spectaculaire à parcourir. Nous sommes coincés entre Causse Méjean et Causse Noir. J’essaie de jeter un coup d’œil par-ci, par-là, aux falaises, aux pitons rocheux et aux constructions improbables dans les villages. Mais il faut rester concentré sur la route, parsemée par endroit de beaux cailloux sur lesquels il ne ferait pas bon rouler. Au moins, ils sont déjà au sol. Avec Papa, on se dit qu’on ne s’imagine pas faire ce trajet tous les jours. C’est beau mais quel sentiment d’isolement quand on doit passer par de telles routes ! Après le beau village du Rozier, la fin du trajet jusqu’à Millau est plus facile.

A l’hôtel, nous prenons le temps pour une bonne douche chaude avant de déguster un bon repas avec un bon verre de vin. Nous sommes posés et on peut enfin commencer à nous remémorer ce que nous vécu pendant ces trois jours de marche. Je suis fatigué mais je prendrai malgré tout le temps de regarder (en accéléré) les deux dernières étapes du Tour de France avant de me coucher. Demain nous visiterons Millau avant le retour en Normandie. Nous passerons aussi par le Point Sublime sur les Gorges du Tarn. Mais comme les jours précédents, la présence de la brume aura caché le panorama.