Aix-en-Provence à Puyloubier

Aix-en-Provence à Puyloubier

23 avril 2022 0 Par Olivier Métérie

Ce projet de randonnée s’est construit fin 2021, en cadeau d’anniversaire pour les 50 ans de Cyril. L’idée : relier Aix-en-Provence à Marseille, en passant par la Sainte Victoire, la Sainte Baume et les Calanques. Après un trajet en train tumultueux entre bagage oublié, panne de portes et enfants déchaînés, nous arrivons le vendredi soir à Aix-en-Provence, lieu de départ de cette randonnée. Il est 22 heures, nous posons nos sacs à l’hôtel et partons rapidement à la recherche d’un restaurant. L’inspiration de Cyril nous mène vers une petite rue et la présence de trois personnes dont le cuistot devant une porte qui ne paye pas de mine. On entre, il faut descendre quelques marches. Le restaurant est en fait dans une cave. Il fallait oser mais on sera pas déçu. Le dîner sera tellement copieux que nous nous contenterons du plat principal. Bientôt minuit il est temps de se coucher pour ne pas partir trop tard demain matin.

Le lendemain nous partons à 9 heures pour un tour dans Aix avant de partir vers la Sainte Victoire. Il nous faut trouver de quoi manger pour le midi. Rien de bon marché ici, on optera pour des salades dans une boutique bio. Ca monte dès que l’on quitte la ville. Nous poursuivons sur le chemin de Bibémus, un plateau avec quelques villas sur terrains escarpés. Au loin on commence à apercevoir la Sainte Victoire. Le ciel est gris mais il ne pleut pas. Malgré les prévisions météo, on garde espoir de rester au sec. Nous arrivons sur le lac de Bimont et son barrage que nous prenons le temps d’observer. La suite commence à monter plus franchement par le sentier Imoucha, avec des marches parfois haute. En face, on se demande par où nous allons passer pour atteindre le sommet. Nous nous arrêtons presque à mi-pente pour déjeuner. Un randonneur nous dépasse, c’est le premier qui va dans le même sens que nous. Assez vite, on remballe quand la pluie se manifeste.

Ce n’est pas du crachin mais une vraie pluie qui s’abat sur nous. Au moins ça évite de surchauffer dans le reste de la montée. Le randonneur qui nous a dépassé, redescend déjà. Un traileur nous double. On arrive au prieuré. Le coureur redescend et nous souhaite bon courage. Maintenant qu’on est là-haut, on continue. Il aurait fallu prendre l’option vallée avant. J’espère juste, qu’il n’y aura pas d’orage. On se prend en photo devant un balcon pierreux, derrière lequel à la place du vide, on ne voit qu’un nuage. On poursuit sur la crête. On est en plein dans un nuage. La visibilité est limitée, la température glaciale, on est trempé de la tête aux pieds et le vent vient nous bousculer parfois sur notre gauche, parfois sur notre bonheur. Comme j’aime à dire dans ces moments-là, je me sens vivant. Mais ça va être long avant de redescendre. Soudain plus de chemin. Juste des rochers à passer. Sauf que ça glisse et quelques mètres à gauche, c’est le vide. Je m’avance pour voir si c’est long. Rien de certain mais on y va. Prudemment. Un peu plus loin, un nouveau passage rocheux mais en descente via une chaîne. 500 mètres en une heure, c’est tout ce qu’on aura fait… La suite du chemin est heureusement plus simple mais les conditions météo toujours aussi éprouvantes. Cyril se vrille plusieurs fois le genou. Ca commence mal cette randonnée. On a parfois du mal à suivre les balises du GR9 dont le sentier se perd entre les pierriers et la végétation. On commence à descendre mais c’est un peu tôt. Devant nous, c’est infranchissable, on remonte sur la crête. J’ai absorbé un peu de glucides et de gras mais pas facile de s’arrêter. On veut juste tracer et retrouver des conditions plus clémentes.

C’est enfin la descente vers Puyloubier. Le vent et la pluie s’estompe au fur et à mesure que nous perdons de l’altitude. Le village se découvre au fur et à mesure que les nuages se dégagent. Mais la descente n’est pas facile. C’est parfois très vertical et sur de la roche mouillée. Seule solution parfois, descendre sur les fesses. Tant bien que mal nous arrivons au village et au gîte.

Par chance nous sommes seuls et la personne qui gère le gîte à prévu pour nous, un radiateur et un séchoir pour avoir une chance de repartir au sec demain matin. Le ciel est bleu jusqu’à ce que nous repartions chercher nos pizzas et que l’orage éclate… Au moins nous n’avons pas été foudroyé là-haut.

Cette journée fut dantesque et restera gravé longtemps dans notre mémoire. Cyril me confiera n’avoir jamais fait quelque chose d’aussi dur.