De Cassis à Marseille

De Cassis à Marseille

26 avril 2022 0 Par Olivier Métérie

Dernière longue marche et pas n’importe laquelle puisqu’aujourd’hui je vais découvrir les calanques ! Malheureusement cela se fera sans Cyril. Il n’est plus en état de marcher sur une longue distance. Il va donc rester un peu se reposer dans sa chambre puis rejoindra Marseille en taxi. C’est vraiment dommage. J’ai organisé ce séjour pour lui et il n’a pas pu en profiter jusqu’au bout. Il y a la malchance mais j’ai probablement préparer des étapes trop difficiles…

Il fait un temps superbe, je pars avec un le plein d’eau, soit 2,5 litres pour être sûr de ne pas manquer. On quitte le port et on se retrouve rapidement sur la route puis une belle petite plage où je prends la pose, seul. Je m’éloigne ensuite un peu du littoral pour passer dans une rue pavillonnaire, avant de descendre dans la première calanque : Port-Miou. Des panneaux expliquent, qu’après une période d’occupation pour l’extraction, la calanque est rendue aux habitants et aux touristes. Comme son nom l’indique, c’est une marina. Contrairement aux jours précédents, il y a du monde sur les chemins et ça ne fait que commencer. Finalement ce ne sera pas une marche solitaire. On n’est plus sur les GR de seconde zone.

Après une rapide montée descente, j’enchaine avec la calanque de Port Pin et sa petite plage. La roche est lisse comme si on l’avait polie. Je me demande comment on peut tenir debout par temps de pluie. J’entame la première vraie montée à un bon rythme. En haut, je rejoins une famille avec deux jeunes enfants. La descente qui suit est verticale. Tellement que je range mes bâtons pour avoir les mains libres. C’est un peu impressionnant quand même. Il faut être bien réveillé pour poser le pied au bon endroit et ne pas se déséquilibrer avec le sac. Je laisse la famille à distance pour éviter de faire rouler un caillou sur leur tête. La suite de la descente est moins raide mais remplie de caillasse qui se dérobe sous les pieds. Je redéploie un bâton pour m’équilibrer. Je crois que je suis rentré dans le vif du sujet. La journée ne va pas être facile ! La famille continue jusqu’à la plage de la calanque suivante. Je remonte sur un chemin plus tranquille.

Après être redescendu pas mal, je reprends de l’altitude pour m’approcher des 200 mètres. Les points de vue se dégagent et j’aperçois les falaises de Cassis vers l’est. Le parcours est globalement montant même si parfois ça redescend un peu. Il y a du monde. Je double des groupes, j’en croise d’autres. On me demande le temps pour arriver à Cassis. Parfois je me retrouve plus isolé dans cet environnement minéral. Il y a une falaise devant moi, qu’il va falloir sûrement contourner. J’ai l’impression de voir des personnes l’escalader. Mirage ?

Il fait chaud arriver au plus haut point à environ 400 mètres d’altitude, je décide de m’arrêter manger au col de la Candelle. A ma gauche, la baie de Cassis, à ma droite la calanque de Morgiou dans laquelle je compte descendre tout à l’heure. Ca fait plus de 3 heures que je marche mais je n’ai fait que 10 km. A ce stade, j’ai encore 15 kilomètres à faire… Ca fait beaucoup si le parcours est encore difficile. Toutefois je me dis que je n’aurais plus à monter autant. Reste à voir les descentes…

Je repars en amorçant la descente. Les premiers hectomètres ne sont pas très difficile. Mais ça se corse vite, quand les traces de balisage sont peintes à même la roche sur laquelle on doit passer. Un peu comme ce matin, ça commence par du vertical où il faut mettre les mains puis ça se poursuit par du un peu moins pentu mais plus caillouteux et glissant où il faut bien regarder où passer. Ce n’est pas forcément long mais on y passe du temps.

Heureusement je retrouve ensuite une piste sur laquelle je peux reprendre une allure de croisière plus conséquente. Le temps file mais à l’approche du belvédère de Sugiton, je ne peux m’empêcher d’y faire un détour. Pire encore, j’essaye de reprendre un chemin que je vois sur la carte de ma montre pour couper et descendre plus rapidement. Ce ne sera que perte de temps puisque c’est impossible de passer. Après une amorce de chemin, il y a juste une falaise et le vide. Demi tour pour récupérer le GR et la foule.

Je n’y reste pas longtemps car je prends un chemin sur ma gauche qui me permet de descendre à la Calanque de Morgiou. C’est de nouveau vertical mais j’ai perdu un peu de temps précédemment, je descends aussi vite que possible. Je croise deux femmes qui se plaignent de la difficulté de la montée. Ce n’est plus facile à descendre ! J’arrive dans une vraie rue et j’y retrouve même des voitures. Et les fameux cabanons emblématique des calanques. Après plusieurs heures de marche, je suis à nouveau en bord de mer. Quelques personnes profitent de la baignade. Je cherche le chemin pour quitter la calanque. Deux marcheurs qui en reviennent me font comprendre qu’il est au dessus de moi.

Je suis donc le tracé bleu qui au début saute de rocher en rocher puis monte progressivement en balcon au dessus de la mer. Je me retourne régulièrement pour admirer le paysage et la calanque que je quitte. C’est dur parce que j’ai adopté un rythme rapide mais qu’est-ce que c’est beau ! Je dois remonter sur la crête de Morgiou à plus de 200 mètres de haut. Ca grimpe de plus en plus raide, je dois quand même ralentir un peu et même m’arrêter quelques secondes pour redescendre le cardio. Je transpire beaucoup et je commence à craindre de manquer d’eau.

Sur la crête je saute de pierre en pierre. J’aperçois la calanque de Sormiou qui m’attire. J’avais prévu d’y descendre. Mais vu l’heure et avec encore un chemin potentiellement technique pour y arriver, je renonce. Avec le recul, vu les choix suivants, j’aurais mieux fait d’y passer.

Je suis maintenant hors du tracé que j’avais prévu de suivre et que ma montre indique. Je retrouve le GR, mais dans le sens pour revenir à Cassis. Je ne le sais pas mais de toute façon, je choisis de le quitter pour prendre sur ma gauche et descendre par la route. C’est l’inconvénient de ne pas avoir une carte. Avec la montre dès qu’on dézoome, on n’a plus de mal à choisir un plan précis pour aller dans une direction. Pour gagner du temps, je cours un peu. Je pourrais prendre en direction des Baumettes et de la ville mais je souhaite quand même poursuivre.

Je reprends un chemin qui me fait passer par le col de Lun. Je vois maintenant la ville de Marseille mais j’ai aussi un beau point de vue vers la mer et la calanque de Sormiou. J’atteins le col du même nom où je vois des gens remonter de la calanque. Je pense que je n’ai pas pris le plus court chemin pour arriver ici et la carte le confirmera.

Je suis retombé sur le tracé et donc la montre bip à nouveau la direction. Je devais prendre un chemin vers le col de Cortiou mais je préfère reprendre la route pour redescendre plus rapidement. Néanmoins je change vite d’avis car je n’ai pas envie de rester sur le bitume. J’improvise un chemin qui me fait vite remonter et passer au-dessus d’une station d’épuration. Pas la plus belle vue du jour.

J’ai fini mon camel back, il ne me reste plus que quelques gorgées dans ma gourde. Je vais me rationner un peu pour finir. Finalement je ne n’aurai pas fait beaucoup plus court que si j’avais suivi le tracé prévu. Le sentier en balcon que je suis est juste séparé par une arête de celui-ci. Ca n’en finit plus de descendre puis remonter, la fatigue est là. Au moins je suis tout seul, personne à l’horizon. A chaque fois que je franchis une crête, je regarde si j’aperçois le chemin pour vraiment redescendre. Je regarde aussi au-dessus de moi, l’ombre inquiétante de la paroi rocheuse. Pourvu qu’elle ne me tombe pas dessus. C’est fou quand on se retrouve seul, les idées qui peuvent nous traverser. En fait le chemin est assez bien entretenu. La caillasse que je foule parfois n’a rien de naturel. Je profite quand même des parties plus techniques avec le jus qu’il me reste.

De nouveau presque à 300 mètres d’altitude, je vais commencer la dernière descente et rejoindre le tracé final initialement prévu. Je débouche dans un parc où je retrouve des personnes et parfois le chien qui les accompagne. A la sortie, c’est le retour à la ville. Les derniers kilomètres, inintéressant se feront à grand pas. Je m’offrirais le luxe de faire le tour du centre commercial en face de l’hôtel, n’ayant pas trouvé celui-ci directement.

D’ailleurs quand je rentre, j’ai un doute sur le fait d’être au bon endroit. Il y a un bar et au fond de la salle, une personne debout derrière un bureau, qui semble s’adresser à moi. Ca n’y ressemble pas mais c’est la réception. Après une bonne douche, je débriefe avec Cyril puis nous allons dîner. Au restaurant de l’hôtel. Je suis vanné, je ne me vois ressortir chercher un restaurant et encore moins aller à la plage !

Cette journée fut éprouvante (parce que je l’ai un peu cherché aussi) mais quels paysages magnifiques ! Effectivement Cyril, dans son état, n’aurait pas pu le faire. Heureusement, il a quand même pu voir les calanques en les visitant en bateau, ce qui devait être pas mal non plus.